![Chardon_Elisabeth]()
Quand Germaine Duparc est décédée, je lui ai rendu hommage dans une chronique que je tenais alors dans Cominmag, publication de Publicité Suisse. J’y divaguais chaque mois sur les amours et désamours entre art et communication, art et publicité, art et médias. Quel rapport entre le souvenir de Germaine Duparc et ces questions? Des flûtes. Qu’on en juge.
Pour cette chronique, le titre s’est très vite imposé. Et puis j’ai hésité. Je voyais surgir devant moi ces vieilles dames de Jacques Faizant avec leurs guiboles assez fines pour passer dans le chas d’une aiguille! Mais Germaine n’était pas tout à fait une vieille dame de ce genre. Non, Germaine, ou Mlle Duparc, ou Mme Duparc, peu importe ici les conventions, s’est éteinte début janvier à Genève après une belle carrière où elle fut à la fois une maîtresse d’école et une professeure d’Université.
Pendant la cérémonie, une de ses anciennes petites élèves d’école enfantine a raconté comment cette institutrice, voilà plus d’un demi-siècle, accueillait les enfants chaque matin avec un air de flûte. Pas toujours la même flûte mais, selon son humeur, selon sans doute ce qu’elle avait envie de susciter chez les petits, une flûte d’ici ou d’ailleurs, un air personnel, une musique plus connue, des rythmes variés. Et cet air, cet instrument, titillaient les curiosités, donnait envie d’apprendre le monde, ses musiques, ses peuples, leurs histoires, les sciences naturelles peut-être aussi. Sans doute là, tout de suite, avec des questions qui fusaient, mais aussi au long cours. Germaine Duparc pensait en effet que son métier consistait à faire aimer apprendre. Elle suivait ainsi les théories d’un de ses maîtres, Edouard Claparède, qui ne souhaitait pas «une école où les enfants font ce qu’ils veulent mais où les enfants veulent ce qu’ils font».
Germaine Duparc était positive, généreuse. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas croire que la Suisse avait été si peu accueillante pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela lui faisait trop mal. Comme à l’ancienne élève qui se souvenait des flûtes de Germaine, qui n’est autre que Ruth Dreifuss dont le père avait, en ces temps sombres, aidé des juifs malgré l’illégalité.